Pour la première fois ce dimanche 10 mai, la France commémore les 161 ans de l'abolition de l'esclavage. Le collectif 161 de Toulouse, qui regroupe une dizaine d'associations et de personnes haïtiennes, africaines, caraïbéennes ou toulousaines, organise ce week-end des activités en la mémoire de l'abolition de l'esclavage. Hier, une centaine de personnes ont défilé de Compans Caffarelli jusqu'à l'espace Bonnefoy, où des expositions, des conférences et des concerts ont lieu. « Nous voulons faire honneur à nos ancêtres et faire parler de cette partie de l'histoire peu connue et mal expliquée à l'école. L'esclavage et la traite font parties de l'histoire collective » explique René Lyncée, un des organisateurs.
Cette commémoration, mise en valeur dans une quarantaine de villes en France est aussi un rappel de la valeur des Droits de l'homme. La mairie de Toulouse par le biais de l'adjoint au maire Jean-Paul Makengo s'engage auprès du collectif 161 : « C'est tout à fait normal pour nous de soutenir les associations qui portent les Droits de l'homme. Toulouse est une ville cosmopolite et cette commémoration est importante pour la population » insiste l'adjoint au maire. Aujourd'hui, le village des associations s'installe à l'espace Bonnefoy, l'accès est gratuit et ouvert à tous.
Pauline Amiel.
Ce qui devait être un rassemblement de soutien aux mouvements sociaux des Antilles et de Guyane s'est transformé en manifestation revendicative, hier après-midi, dans les rues de Toulouse. « Grève générale contre l'exploitation », scandaient entre deux et trois cents manifestants, de la cathédrale Saint-Etienne à la place du Capitole.
« Il faut se souvenir que Mai 68 a débuté en 1967 aux Antilles », rappelle la Guadeloupéenne Karine Gomes, présidente de l'Amicale des Guyanais et Antillais de la région toulousaine, l'AGART. « Nous sommes des leaders mais on sent surtout les choses avant les autres car les difficultés sont plus grandes là-bas. Le mouvement du LKP (ndlr : Liénage Kontre Profitation en créole, traduire « Ensemble contre l'exploitation ») n'est pas qu'une revendication d'argent, c'est aussi un projet social et économique pour les DOM. Nous demandons à l'État français d'établir un contact économique avec les autres États caribéens pour la circulation des produits de consommation, ce qui reviendrait moins cher que d'en transporter de métropole ».
À l'appel d'associations, d'organisations syndicales et de partis politiques de gauche, plusieurs Antillais de Toulouse souhaitaient aussi dire leur inquiétude et parfois leur mécontentement. « Cela fait vingt-huit ans que je suis à Toulouse et lorsque j'ai voulu revenir vivre à la Martinique, je n'ai pas pu y rester tant les difficultés sont grandes et les problèmes insurmontables », commente Évelyne Antonio. « J'y étais encore un mois avant la grève et tout est excessivement cher. Je soutiens donc mes camarades Antillais car la vie est impossible là-bas ». Présidente de Stop Racisme et en charge de la diversité au PS, à son amie Colette Charbonné d'ajouter : « On est les oubliés de la République. Il faut que les choses changent pour de bon une fois pour toutes ». Antilles. Des manifestations partout en France.
Un nouveau mort en Guadeloupe
Après plus d'un mois d'une crise qui a paralysé l'île et causé la mort d'un syndicaliste, la Guadeloupe a connu une première nuit d'accalmie, vendredi soir. Sauf un motard de 23 ans qui a trouvé la mort en heurtant un barrage érigé au lieu-dit Blonval à Saint-François, sur la route reliant cette commune à Pointe-à-Pitre. Selon les pompiers, « le motard, qui ne portait pas de casque, semble n'avoir pas vu le barrage et l'a heurté », a indiqué le colonel des pompiers Gilles Bazir. Il a précisé que le motard était décédé sur place. Le préfet de la Guadeloupe, Nicolas Desforges, a déclaré qu'il s'agissait « d'un accident de la circulation, à l'évidence ». Il a précisé que « des entreprises avaient été réquisitionnées par la préfecture pour enlever les barrages vendredi et qu'elles le seraient également hier.
Nicolas Sarkozy, comme pour se faire pardonner de n'avoir pas pris plus tôt la mesure d'une crise sociale profonde, a lâché du lest et prévoit de se déplacer dans l'île lorsque le calme sera revenu dans la rue. L'Etat français s'apprête à débloquer 580 millions d'euros pour les Dom, dont 280 millions d'euros au titre du RSA (revenu de solidarité active) et a convoqué un Grenelle de l'Outre-Mer. Le gouvernement, qui a laissé un temps Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, s'empêtrer dans des effets d'annonce, a finalement cédé aux revendications du LKP, le collectif contre la vie chère et son leader emblématique, Elie Domota. Une hausse de 200 € sur les plus salaires pourrait être octroyée par les entreprises pendant deux ans. Elles seraient, en contrepartie, allégées par des exonérations de charges. Pour l'heure, les politiques multiplient les déplacements dans l'île, alors qu'en France de nombreuses manifestations en faveur de l'île ont eu lieu hier.
Segolène dans l'avion
L'ancienne candidate du PS à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, a pris l'avion hier pour la Guadeloupe où elle assistera, aujourd'hui, aux obsèques du syndicaliste Jacques Bino, tué lors d'une manifestation. Le ministre du Budget, Eric Woerth, a annoncé hier l'adoption de « mesures douanières exceptionnelles pour soutenir les entreprises en Guadeloupe ». La crise des Dom peut-elle servir de tremplin aux revendications des syndicats métropolitains ?
Publié le 21/02/2009 04:37 - Modifié le 21/02/2009 à 10:14 Ph.E.
Les Antillais de Toulouse participent à la manif organisée aujourd'hui.
Une manifestation aura lieu à 14 heures devant la préfecture à l'appel de plusieurs organisations. Photo DDM, Archives
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Alors qu'une accalmie semble suivre la mort d'un syndicaliste et les graves incidents de ces derniers jours en Guadeloupe, l'émotion reste grande chez les Antillais de Toulouse, très préoccupés par la situation outremer qui appellent, au travers de l'amicale des Guyanais et Antillais de la région de Toulouse (Agart 31), à participer à la manifestation de soutien organisée cet après-midi à 14 heures devant la préfecture à l'appel de diverses organisations politiques, syndicales et culturelles (PS, Lutte Ouvrière, Partit Occitan, Alternative Libertaire, Fédération Syndicale Unitaire, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Solidaires, Parti Ouvrier Indépendant…).
« Bien que les négociations reprennent aujourd'hui (hier vendredi-NDLR), nous doutons que de réelles réponses soient apportées aux questions légitimes posées par le mouvement contre la vie chère », commente David Fimiez, ex président de l'Agart 31, « les premières réponses données par le gouvernement n'ont été que sécuritaires, avec l'envoi de cinq escadrons de gendarmerie. Les gens qui tiennent l'économie de notre département veulent garder leur monopole sur les moyens de distribution dans l'île, le carburant est contrôlé par une filiale de Total, le transport aérien reste le monopole d'Air France et de ses filiales. D'où la cherté de la vie en Guadeloupe et des transports aériens avec la métropole alors que nous sommes un département français ».
« Il a fallu un mois de grève générale et un mort pour que Sarkozy s'intéresse à la Guadeloupe », regrette Sabrina Isidore, trésorière de l'Agart 31, quand ça se passe en France métropolitaine, les réactions sont immédiates. Cet abandon est une honte pour la France. Je suis choquée. Tout d'un coup le président a trouvé de l'argent, fait des promesses, il reste une grande méfiance pour moi et chez les syndicats vis-à-vis de ces promesses ».
Les Antillais d'ici inquiets pour leurs familles
Société. Les Guadeloupéens et Martiniquais de Toulouse suivent de près la grève générale.
La communauté antillaise de Toulouse inquiète des évènements qui touchent leur famille. lPhoto DDM, Michel Labonne-
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« Les événements m'inquiètent, témoigne Sandrine, étudiante à Toulouse. Toute ma famille vit à Sainte-Marie en Martinique, je les appelle chaque soir ». Sandrine s'interroge d'autant plus que les négociations sont au point mort : « Chacun veut rester sur ses positions, ce n'est pas comme ça que les choses vont évoluer ». La communauté antillaise de Toulouse, estimée entre deux et quatre mille personnes, est majoritairement étudiante. Depuis quinze jours, elle suit avec beaucoup d'attention les événements dans une partie des Dom-Tom, touchés par un grave conflit social.
flambée des prix
« Je surveille l'évolution des choses, avoue David Fimiez, guadeloupéen et ancien président de l'association Agart (Amicale des Guyanais et Antillais de la région de Toulouse). J'appelle mes parents tous les deux, trois jours et on échange aussi par mails. Je suis encore plus préoccupé depuis que des mesures sécuritaires sont prévues par Paris ».
Il poursuit : « L'épreuve de force risque de s'engager dans un conflit social pourtant très bien encadré ». David Fimiez refuse d'être alarmiste : « Pour l'instant, même si les rayons des magasins souffrent de certains produits, ce n'est pas encore la pénurie, les gens peuvent encore tenir une ou deux semaines, mais après… ».
Même si beaucoup espèrent que l'issue de ce conflit s'achève positivement, la majorité estime la situation justifiée : « Économiquement le pays est étranglé, reprend Sandrine. Heureusement notre peuple est solidaire. Désormais les producteurs vendent leurs produits au bord des routes, à un prix très bas ».
Elle ajoute : « Vous savez, là-bas, 1 % de la population beké (les blancs, NDLR) détient l'ensemble de l'économie, comme les grands centres commerciaux. Sans aucune concurrence. Le gouvernement doit faire quelque chose, sinon ça va exploser ».
Rosette tient avec son mari un restaurant antillais à Toulouse. Comme beaucoup de ses concitoyens, elle vient s'approvisionner à Afro Dom Tom, la boutique spécialisée en produits exotiques : « Ma famille vit au Lamentin en Martinique. Les événements ne m'étonnent pas, même si je les déplore. Là-bas, le coût de la vie est exorbitant. Par exemple, un kilo de farine revient à 1,05 €, pour 0,43 € à Toulouse. Un kilo de golden coûte 2,80 € pour 1,30 € ici. Même les bananes plantain, pourtant produit local sont chères : 4 € le kg contre 2,50 € dans ce magasin ». Elle poursuit : « Quand je vais là-bas, je sélectionne tout ». Résolument optimiste, elle conclut : « Vous savez, les gens ont tellement l'habitude des cyclones et des grèves, qu'ils stockent bougies, huile, sucre et sel. Par expérience ».
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